J’ai été séduit, touché, par la description que ce professionnel fait de sa tâche et c’est me semble-t-il là que se trouve la valeur de ce texte. Traiter la maladie (la technique médicale froide) ou le malade (la compassion) ? Vieux débat ! L’un et l’autre, mais comment et dans quel rapport ? Et le caractère du médecin sera-t-il assez fort pour supporter sans déraper cette charge de vie et de mort que ceux qu’il soignent lui demandent de prendre sur lui ? Comment résister à ce poids de malheur que représente la présence quotidienne d’enfants leucémiques dont il sait que 8 sur 10 le quitteront bientôt ? Quels dérivatif ne trouvera-t-il pas comme exutoire à cette tension, mettant en péril parfois son équilibre personnel ? Les caractères faibles se réfugieront sans doute dans la technique et les très faibles dans une compassion stérile et inactive. Ayons conscience que la place laissée à l’équilibre est étroite.
Quant à l’intrigue « policière », originale et bien conduite, elle s’enlise un peu dans un Himalaya de fiction un peu loufoque. Pourquoi pas…
Laissez vous aller, vous passerez un excellent moment et peut-être serez vous aussi sensible à l’interrogation de cet homme sur son métier. Elle est fort digne et présentée ici avec originalité et sensibilité.
Le coffre aux âmes de David Khayat, Éditions XO 2002