Le doute s’installe rapidement quant à la légitimité du récit et laisse transparaître la préméditation de Scohy : déconstruire le corps littéraire. Placée dans la main de son exécuteur, sa pointe érafle, éreinte, forme et déforme les mots sur son passage. Multirécidiviste minutieux, son plaisir malsain augmente et finit par s’attaquer au corps de texte : encadrement, polices croissantes et décroissantes, espacements et notes de bas de pages qu’il ne revendique pas toujours.
L’encre coule et au final les mots se retrouvent éparpillés aux quatre coins de la page. Complice de toujours, Norma Ramón, qui n’a de cesse de clamer qu’il ne s’agit pas d’un roman, finit par être démasquée : derrière ses anagrammes, elle n’est autre que… Roman ! Dans un univers surréaliste où le temps semble s’être arrêté et les rencontres s’avèrent improbables, la plume de Orion Scohy chatouille par moments, décrochant ainsi quelques sourires.
A cette oeuvre expérimentale menée par un élément narrateur, les inconditionnels de Queneau trouveront des circonstances atténuantes, les autres la condamneront au placard. Lecteur à charge ou à décharge, à vous de juger !
Norma Ramon d’Orion Scohy
Editeur : P.O.L
Publication : 2008