Chronique d’Ecologica d’André Gorz
Contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, ‘Ecologica’ ne parle pas d’écologie. Ou assez peu. En tout cas pas d’écologie scientifique, de « gestes simples pour sauver la planète » ou de « niveau de la mer qui monte ». Ce livre aborde la question sous l’angle de l’écologie politique, de la liberté des hommes à disposer de leurs vies et à décider de leur environnement.

André Gorz procède donc à un démontage en règle du capitalisme, fonçant droit dans le mur, par intérêt et aveuglement. L’ouvrage aborde aussi bien les bulles spéculatives que la dictature de la voiture, la société de consommation que l’horreur du travail parcellisé, en faisant de larges emprunts à d’autres auteurs, Marx en tête.

Mais le marxisme n’est pas l’idéologie d’André Gorz, et il propose une théorie plus actuelle, proche de la décroissance économique, un idéal réconciliant social et environnement, émancipation de l’individu et rôle régulateur de l’Etat. Une révolution culturelle passionnante, idéaliste. Compilant sept textes écrits entre 1975 et 2007 par l’un des pères fondateurs de l’écologie en France, ce livre n’approfondit pas vraiment les thèmes abordés. Il s’agit plutôt d’une introduction aux réflexions d’André Gorz, disparu récemment.

On peut d’ailleurs regretter quelques répétitions qui émaillent l’ouvrage, dues à l’hétérogénéité des articles choisis. Mais l’ensemble demeure cohérent et pertinent. Au sortir de cette lecture, on a d’ailleurs envie de prêter ‘Ecologica’, de le faire lire, de réveiller des consciences assoupies par une idéologie dominante, délivrée sans relâche par des médias complices.

Ecologica, d’André Gorz, Galilée, 2008

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