Lecture du roman  Bandini de John Fante

Arturo Bandini est en rogne contre tout et tous : son père, maçon au chômage technique qui joue sa paye, picole ce qui reste et trompe sa femme ; sa mère, victime résignée qui prend son pied en égrenant son rosaire ; ses origines italiennes, lui qui rêve d’être un américain pur sucre et Rosa, la belle Rosa qui ne lui accorde pas plus d’attention qu’à une crotte de chien :

Gamin plein de contradictions, à la fois menteur, voleur mais aussi protecteur et admirateur, Arturo se cherche et se trouve parfois au mauvais endroit au mauvais moment ; au croisement du petit Nicolas, de Tom Sawyer, d’Huckleberry Finn, de Manolito Gafotas et de Calvin*. Ses rodomontades de gosse bravache sont émouvantes ou flippantes, selon qu’il défend sa mère face à son frère ainé ou qu’il tue des animaux pour le plaisir.

En alternance, le narrateur se tourne également vers Svevo, le père d’Arturo et raconte l’histoire telle que vécue par cet italien coléreux, qui essaie sans succès de sortir sa famille de la misère crasse dans laquelle ses excès l’entrainent. Le constat de cet échec le rend encore plus violent et amer, plus sensible aux sirènes de l’alcool et des femmes. Bien qu’il ait atteint un âge respectable, la patine des années n’a pas infligé une seule ride à ce roman fort, constitutif d’une trilogie avec La route de Los Angeles et Demande à la poussière.

Un peu autobiographique, une peu romancé aussi ce récit de la vie de l’auteur puise sa richesse dans les tourments de son rédacteur, dont l’existence semble n’avoir pas toujours été un long fleuve tranquille.
Bandini est un des personnages de la littérature américaine

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