Quels conseils de lecture écolo,  quels livres de nature writing ?

Une tendance littéraire actuelle est de se replonger dans des ouvrages passionnants – essai ou fiction – abordant directement ou en filigrane les thèmes de la nature et de l’écologie, soit se tourner vers le nature writing mouvement littéraire encore peu connu en France, qui se veut en harmonie avec les grands espaces. Suivez donc notre guide de la littérature écolo, et faîtes votre choix en consultant :

Jean-Jacques Rousseau – Rêveries

Rousseau n’est pas à proprement parler un livre sur la nature mais il en parle mieux que personne. Dans les Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau marche et devient homme en marchant. Il se situe dans le monde, dans sa propre vie, rêve à des lieux qu’il a connus, à des femmes qu’il a aimées, livrant un exemple de l’intégration réussie d’une âme humaine à l’esprit de la nature. Communion naturelle. C’est poétique, romantique, magique et on n’en revient pas.

Climat : la part d’incertitude, de Steven Koonin

Koonin ne nie ni l’existence du changement climatique, ni le rôle des activités humaines (notamment les émissions de CO₂) dans le réchauffement observé depuis le XIXe siècle. Ce qu’il remet en cause, c’est la certitude absolue avec laquelle certains résultats scientifiques sont présentés au public, ainsi que la qualité de la communication autour de cette science.Il souligne que la science du climat est complexe, incomplète et souvent sujette à d’importantes incertitudes, particulièrement lorsqu’il s’agit de prévisions à long terme ou d’attributions précises de phénomènes extrêmes (ouragans, sécheresses, etc.) au changement climatique. Dans Climat : la part d’incertitude il souligne ainsi les limites des modèles climatiques

Jack London – Construire un feu

L’histoire de Construire un feu peut être lue par les enfants. C’est l’un des textes les plus forts et rudes de London, une vraie leçon de vie qui permet de situer l’homme à sa vraie place : sous terre ou congelé en l’occurrence. Un randonneur présomptueux meurt de froid dans le grand Nord pour n’avoir pas respecté la nature. Il n’arrive pas à se réchauffer. La nature est plus forte que l’humanité. Le chien survit, l’homme est mort. Devinez lequel est le plus con des deux.

Face à Gaïa, de Bruno Latour

Dans ce livre, issu de conférence faites dans le cadre du programme climat de l’AFD, Latour propose une refonte radicale de notre rapport à la Terre à l’ère du Nouveau Régime Climatique. Il y analyse les racines philosophiques, politiques et épistémologiques de la crise écologique actuelle, en s’appuyant notamment sur la figure mythologique de Gaïa, la Terre vivante.Son but n’est pas seulement de décrire la crise climatique, mais de repenser entièrement notre manière de faire de la politique, de la science et de l’ontologie (la manière dont nous concevons ce qui existe).

John Boyd – La Fille aux yeux de Jade

John Boyd est notre chouchou oublié de la littérature. Il a écrit sur les manipulations génétiques, sur l’environnement et a vu souvent plus loin et mieux que tout le monde. Dans La Fille aux yeux de jade, roman épatant, un extraterrestre échoué sur Terre laisse entrevoir dans l’étreinte (sssss) ce que serait un monde où la nature et nous vivrions en parfaite harmonie. La fin est somptueuse : un bûcheron, une sylphide, du drame et la nature comme terrain de jeux.

Victor Hugo – Les Contemplations  

Une fois n’est pas coutume, Hugo poète se retrouve dans un de nos classements superbranchés car Les Contemplations regorgent de poèmes somptueux sur les éléments de la nature. Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne... Mieux que Lamartine et d’autres romantiques qu’on a fait passer à la trappe (Hölderlin aurait mérité sa place), Hugo rules.

Lucrèce – De natura rerum  

Comme celui de Rousseau, le livre ne parle pas directement de nature mais ne fait finalement que ça. Lucrèce définit surtout l’image sublime du locus amoenus, ce lieu agréable où l’on se retrouve entre amis, avec ou sans sexe, couchés dans l’herbe tendre à bailler aux corneilles. Le Locus amoenus est l’équivalent du jardin d’Eden pour les écolos et citoyens modernes : l’endroit où l’on est à l’abri de l’agitation du temps, là où sont les amis, et où l’harmonie s’exprime dans toutes ses dimensions. De natura rerum se pose en bréviaire des rapports entre l’homme et son environnement au sens large.

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