Chronique de : Abara de Tsutomu Nihei

J’ai toujours été plus que dubitatif devant ces gens qui affirment que Terminator serait une oeuvre visionnaire sur la fin de l’homme, un chef d’oeuvre de science fiction pessimiste. Je n’ai rien contre le fait de lire dans les oeuvres de divertissement populaire plus qu’il n’y a été écrit, mais il faut savoir s’arrêter avant de l’écrire nous même. Ce véritable chef d’oeuvre de science fiction sur la « fin de l’homme », je l’ai rencontré quelques années plus tard sous la forme d’un manga, le BLAME! de Tsutomu Nihei.Dans « Abara » l’atmosphère est souvent décrite comme étouffante et oppressante, caractéristique des œuvres de Nihe. Nihei s’inspire de divers auteurs de science-fiction et de cyberpunk, ainsi que de l’art de H.R. Giger, le créateur des décors et monstres d' »Alien ». Son style est reconnaissable par un encrage heurté et violent, et une construction de page architecturale et libertaire

Dans ce manga un personnage taciturne, dont on ne sait s’il est homme ou machine, erre dans de gigantesques constructions déserte et n’y rencontre principalement que des machines, des robots architectes occupés à la construction de bâtiments inutiles ou des machines parasites qui se nourrissent des restes de la civilisation. Les rares hommes qu’on y trouve encore se cachent, vivant dans la peur d’un environnement qu’ils ont bien du créer mais où ils n’ont plus leur place. Là où l’homme à disparu, le sens est parti avec lui. Et puis il y avait aussi le dessin incroyable de Nihei, dont l’imagination pour les créatures à la  HR Giger n’a d’égale que son talent pour les paysages urbains désolés et absurdes quasi-escheriens.

Ma grande peur une fois BLAME! terminé après dix tomes était que Nihei ne soit le cheval d’une seule course. Je ne voyais pas vraiment à quelle autre fin il pourrait exploiter son talent et ses obsessions, finalement assez répandues mais trop souvent heusreuse de rester confinées dans un ghetto SF ou Heroic-Fantasy onaniste. Le premier tome de la nouvelle série de Nihei, « Abara » confirme malheureusement mes craintes : le prétexte à ces planches toujours aussi magnifiques est une histoire de monstres et d’organisations plus ou moins secrètes et plus ou moins rivales dont on perd vite le fil sans trop le regretter, aidé en cela par une série de termes et de noms japonais qu’on confond tous entre eux.

J’aime trop ce que je vois – Le graphisme de Nihei est largement salué pour son détail et son ambiance sombre. Les transformations des personnages et les scènes d’action sont particulièrement remarquables, offrant une expérience visuelle intense – pour que ce que lis vienne totalement le gâcher, et je pourrais en fin de compte me tromper comme je l’avais fait la première fois que j’ai posé les yeux sur BLAME!, mais mon pronostic pour le futur est plutôt sombre.

Abara, Tsutomu Nihei, Glénat

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