Deux destins parallèles voire antinomiques se croisent à la faveur d’un pénible et rocambolesque voyage maritime qui nous mènera vers l’Espagne. Louis Vives, personnage historique, célèbre humaniste valencien, ami d’Erasme et de Thomas Moore, est un marrane, descendant d’une famille juive espagnole persécutée par l’Eglise chrétienne pour pratiquer les rites hébraïques.
Céleste est une jeune sorcière dont on découvrira seulement à la fin du roman qu’elle n’est pas que cela. Missionnée par ses pairs dans une quête périlleuse, elle doit déjouer les pièges des démons apocalyptiques et se préserver de la chasse aux sorcières qui culmine en ce siècle d’Inquisition.
La rencontre entre ces deux personnages se déploie en longues péripéties dont on a un peu de mal parfois à suivre le fil, tant l’écriture de Aguilera est dense, les détails foisonnants et les descriptions touffues. On croisera au fils des 500 pages qui constituent ce roman des personnages réels tels que Erasme, Copernic ou encore Hyeronymus Bosch. Mais on y verra aussi les démons les plus diaboliques, les manifestations surnaturelles les plus obscures et les plus surprenantes.
Une fois passée la déroute “narrative” dans laquelle nous plonge l’auteur, on découvrira avec plaisir toutes les épaisseurs dont Aguilera enveloppe cette période de l’histoire humaine, théâtre de confrontation entre raison et irrationalité, entre le religieux et le profane. On s’étonnera longtemps de la savante “alchimie” de cet auteur espagnol, l’un des plus reconnus par la critique.
Le Sommeil de la raison de Juan Miguel Aguilera, Editeur : Le Livre de Poche, Publication :1/10/2007