Marc Augé (2006) distingue l’histoire interne de la discipline (ce qu’il nomme « l’état des questions ») et l’histoire externe, le contexte social, politique et économique (soit « l’état des lieux »). Mais le problème serait plus compliqué dans le cas des sciences sociales, puisque pour elles, l’état des lieux est à la fois un « environnement » et un « objet » (Ibid. : 15).
Cela veut dire, pratiquement, qu’on ne peut négliger l’étude de « l’air du temps », des préoccupations, des enjeux intellectuels voire des obsessions propres à chaque époque, voir en cela certains livres d’histoire www.editions-saphira.com/categorie-produit/meilleurs-livres-histoire/
Cette histoire culturelle doit cependant être approfondie par l’étude des sociabilités savantes, des « réseaux », ce qui inclut les liens avec les autres disciplines (incluant les alliances stratégiques, comme par exemple celle entre folkloristes et histoire sociale des « Annales » dans les années 30), par le biais de passeurs, mais aussi par le jeu d’exclusions et la mise à l’écart de parias. Ainsi André Varagnac devient-il un « paria » après-guerre, car il disparaît presque totalement de l’histoire consacrée de la discipline (en raison de ses accointances avec le Régime de Vichy ou de sa brouille avec Georges Henri Rivière…), pourtant l’étude de sa trajectoire intellectuelle et institutionnelle est essentielle pour comprendre l’anthropologie française du XXe siècle (Meyran, 2005).
A quoi il faut également ajouter les liens avec le politique, tant au niveau local que national. Dans ce dernier cas, le parcours de Paul Rivet, à la fois député SFIO et fondateur du musée de l’homme est exemplaire, car il illustre bien l’aspect matériel voire matérialiste de toute recherche – recherche de subventions, d’appuis, etc. (Laurière, 2006).